Décrypter les Vagues de solidarité (XIX-XXe siècles)
QUE FAUT-IL POUR BÂTIR LA PAIX ? SOLIDARITÉS AU SORTIR DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
CARL BOUCHARD (UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL) 

L’ordre mis en place en 1919 est fondé sur une tension. D’une part, il repose sur le respect de l’indépendance et de la souveraineté des États. D’autre part, il nécessite une solidarité nouvelle entre les États, qui supplanterait leur égoïsme naturel et son corollaire, le nationalisme exacerbé. Pour que la paix ait une chance de s’établir durablement, affirme dès 1917 le président américain Woodrow Wilson, il faut désormais une « communauté de puissances » succède au traditionnel équilibre des puissances. Soit, mais comment s’assurer que les nations seront respectueuses du pacte qui les liera au nom de la paix ? Durant mon intervention j’aimerais examiner les deux réponses opposées à ces questions qui ont été mises au jour lors des négociations de la Conférence de Paris. Celle de « l’apôtre de la paix », Wilson, qui milite pour une solidarité morale et organique, et celle du Français Léon Bourgeois, qui transpose quant à lui à l’international sa doctrine du solidarisme.

Cette série de conférences explore une succession de situations précises. En décryptant la nature, les causes, les objectifs et les effets de la solidarité exprimée, il s’agit de saisir les raisons de la concomitance de ces vagues de solidarité. Est-elle fonction de développements observables sur l’ensemble de la planète? Tient-elle, plus sûrement, au mode de diffusion des idées ou à la mobilité des acteurs? Cette dynamique se limite-t-elle à la sphère d’influence occidentale ou rayonne-t-elle au-delà? Le but de cette réflexion est aussi d’engager un dialogue avec l’époque présente qui, entre crise environnementale, problèmes sanitaires et conflits armés, paraît valoriser l’intérêt pour autrui, fondé sur la conscience des fragilités de notre humanité commune.