Décrypter les Vagues de solidarité (XIX-XXe siècles)
Les années 1860, entre Empire russe et Etats-Unis : contre la servitude
MICHEL TISSIER (Rennes 2)

Au XIXe siècle, la mise en cause des formes d’asservissement se fait, notamment (mais pas exclusivement), au nom de l’humanité. Dénoncer la servitude, c’est se dire solidaire de celles et ceux dont la dignité humaine est niée. L’abolir, pour un État, c’est prétendre à un nouveau statut international en cet âge « humanitaire » qui est aussi l’ère des impérialismes.

• L’Empire russe et les États-Unis sont des ensembles bien différents. L’idée de rapprocher le « servage russe » et « l’esclavage américain » est très disputée, bien qu’elle ait déjà une longue histoire. La proximité des abolitions de l’un (1861) et de l’autre (1863-1865) rend-elle le rapprochement pertinent ?
• L’abolitionnisme, pour divisé et contesté qu’il soit, est un mouvement important aux États-Unis au milieu du XIXe siècle. L’Empire russe ne présente rien de tel. Il abolit cependant le servage plus tôt que les États-Unis l’esclavage, et sans passer par une guerre civile. Quelle place accorder aux conditions internes, et en particulier à la question du racisme, pour comprendre ce décalage ?
• Les États font du rejet de la servitude un enjeu de puissance. Quels discours et quelles politiques s’y rattachent ? L’idée de « solidarité » y tient-elle une place ?

Cette série de conférences explore une succession de situations précises. En décryptant la nature, les causes, les objectifs et les effets de la solidarité exprimée, il s’agit de saisir les raisons de la concomitance de ces vagues de solidarité. Est-elle fonction de développements observables sur l’ensemble de la planète? Tient-elle, plus sûrement, au mode de diffusion des idées ou à la mobilité des acteurs? Cette dynamique se limite-t-elle à la sphère d’influence occidentale ou rayonne-t-elle au-delà? Le but de cette réflexion est aussi d’engager un dialogue avec l’époque présente qui, entre crise environnementale, problèmes sanitaires et conflits armés, paraît valoriser l’intérêt pour autrui, fondé sur la conscience des fragilités de notre humanité commune.